Cette année j'ai passé les 15 premiers jours du brame en Aubrac.
Ce jour-là, j'ai passé tout l'après-midi en lisière d'une place de brame. Sur ma droite, un cerf brame régulièrement et j'espère qu'il va sortir. A plusieurs reprises, il se rapproche, mais ne sort pas. Il répète le même parcours tout au long de l’après-midi. Vers 19h 00, je profite qu'il soit reparti au point le plus éloigné de son trajet pour aller me poster à côté d'un pin que j'estime voisin de son parcours pour voir au moins à quoi il ressemble. Au fur et à mesure que les raires se rapprochent, je comprends qu'il va passer beaucoup plus près que prévu. Trop tard pour s'adapter, tout juste le temps de me caler le long du tronc, le 300mm f2/8 sur monopode qu'un brame retentit !
A-t-il vu quelque chose ? Toujours est-il qu'il tourne la tête et brame vers moi. Autre nouveauté, ce brame est aussi le premier que je couvrirai avec un hybride plein format et je dois dire qu'entre les progrès des capteurs pour la montée en iso et l'absence totale de bruit du viseur électronique, je n'ai pas été déçu. Quel bonheur de voir les animaux approcher et de ne pas avoir à s’inquiéter de leur réaction !
Il reprend sa marche et passe à quelques mètres de moi. Voilà typiquement le genre de photo que je n'aurai pas fait avant mon passage à l'hybride ou alors cela aurait était la dernière.
Il n'aura aucune réaction et je peux attendre qu'il s'éloigne un peu pour le cadrer sans lui couper les bois.
Autre lieu autre temps. Cette fois, je suis dans l'affût bien caché quand sort une biche en face de moi. Je pense qu'avant je me serai contenté de cette photo par crainte de la déranger et de compromettre la sortie du cerf qui éventuellement la suit.
Là, je me suis amusé jusqu'au bout même si je sais que cela ne fera pas de photo très esthétique, juste pour l'adrénaline de l'entendre respirer...
Finalement, sans doute intriguée par cette grosse lentille ronde, elle rentrera tranquillement en forêt à une trentaine de mètres sur ma droite.
Même lieu, un peu plus tard un jeune cerf arrive sur ma gauche.
Portrait de ce jeune cerf de deuxième tête avec le bois droit cassé en velours. Il n'aura aucune réaction et passera à quelques mètres derrière moi sans jamais soupçonner ma présence.
Je poursuis ce récit de mon brame par des photos réalisées sur une place de brame qui serait exceptionnelle si elle n'était pas si facilement accessible et par conséquent, très dérangée. Le 22 septembre, lorsque j'arrive au lever du jour, un cerf brame en lisière. C'est la première rencontre avec « bois coupés ».
Il a les 2 bois coupés de façon symétrique au-dessus de la chevillure, sans doute en passant sous une clôture alors qu'il était en velours. D'ailleurs, je n'ai jamais vu autant de cerfs avec des bois cassés en velours, que dans cette région ! Il faut dire qu'il y a un nombre incalculable des clôtures barbelées qui sont même parfois double, chaque propriétaire ayant sa propre clôture pour délimiter le même bord d'un champ !
Cela ne l’empêche pas de participer activement au brame même si cela doit quand même lui porter préjudice en cas de combat. Il a d'ailleurs des marques bien visibles sur le flanc droit. Sont-elles les séquelles d'un combat ?
Un autre cerf brame en bordure de la clairière. Rien de cassé pour celui-ci, tous les espois sont bien en place !
Il brame à tue-tête, et même s'il reste en bordure le spectacle est magique, car « bois cassés » n'a pas encore abandonné la partie.
C'est lui le maître de place et il garde « sa » biche jalousement ! Que serait-il advenu ? Je ne le saurai jamais, car malgré la pluie soutenue, quelqu'un arrive et tout ce petit monde plie bagages. Dommage !
Le 24 septembre, le temps est exécrable, vent et pluie soutenus. Je fais une nouvelle tentative. Lorsque j'arrive à l'aube, c'est un nouveau cerf qui est maître de place. Lui aussi a un bois cassé sous velours : le gauche !
Il est avec huit biches et faons et deux autres cerfs brament à environ 80m en futaie.
Il s'attache à empêcher les biches à rentrer en futaie en se positionnant entre le cerf le plus proche et elles.
Les raires n’arrêtent pas et d'où je suis je compte 8 autres cerfs bramant !
Deux biches sont particulièrement surveillées, notamment celle-ci.
Elle semble le laisser s'approcher de plus en plus près.
Le cerf se fait de plus en plus pressant.
Mais la biche n'est pas tout à fait prête ! N'oublions jamais que ce sont elles qui décident.
Une autre biche regarde tout cela sans grande attention. J'aime beaucoup l'effet peigné que donne la pluie au pelage des cervidés.
Un des deux cerfs qui brament en lisière se rapproche et capte l'attention des deux protagonistes.
La réponse est immédiate et suffit à le repousser.
Cela n'altère pas sa détermination et c'est d'un pas décidé qu'il retourne vers la biche convoitée !
Les choses se précisent !
Une fois de plus, ce n'est pas l'heure et la biche se dérobe. Cela va paraître bien redondant à certains, mais je vous assure que d'avoir le privilège d'observer ce spectacle avec tous ses codes, toutes ses mimiques, toutes ses figures imposées est un vrai délice que je ne me lasse pas de déguster !
Petit à petit, avec à la fois de la douceur et de la fermeté, il éloigne la biche de la forêt où brament toujours ses concurrents.
Cela me convient, car peu à peu, ils se rapprochent ainsi de moi. De plus en plus souvent, il s'humidifie les naseaux pour augmenter ses capacités olfactives.
Hélas, lorsque j'aperçois les autres biches têtes dressées et oreilles piquées, je comprends tout de suite que le spectacle est fini... A défaut d'un ange, 2 personnes arrivent sur ma gauche et bien sûr tous les animaux s'enfuient et en quelques secondes la forêt redevient silencieuse... C'est complètement dépité, dégoûté, déprimé et frustré que je prends le chemin du retour. Je décide donc d'abandonner l'Aubrac pour aller retrouver ma chère tranquillité dans les Pyrénées, même si les cerfs adultes sont devenus rares à cause de la pression de chasse...
Je passerai finalement deux semaines au lieu d'une prévue dans les pyrénées. Lorsque j'arrive, cela brame bien autour des villages, mais assez peu en altitude, vers 1800m et plus. C'est un phénomène tout à fait classique que j'observe tous les ans, plus on monte et plus le brame est tardif.
Voilà le seul cerf presqu'adulte que j'ai réussi à dénicher cette année. On est très loin des pépères de l'Aubrac ! Par contre, en 15 jours je n'ai pas vu un quidam sur aucune des 5 places de brame que j'ai fréquentées. Quel pied !!! Quel bonheur !!! (je n'ai même pas rencontré quelqu'un sur un sentier ou un chemin.).
Il cherche à sentir les effluves laissés par les biches.
Position caractéristique lors de l'approche d'une biche.
Pour le reste, je n'ai observé que des cerfs adolescents, comme celui-ci, régnant sur les autres places de brame. Dans une population de cervidés bien équilibrée, ces cerfs ne devraient être que spectateurs !
Certains sont même encore plus jeunes !
Une nouvelle occasion pour moi de louer le silence du boîtier !
Les biches sont pourtant bien présentes.
Ceux qui ont regardé mon brame 2023, reconnaîtront la place de brame que je vous avais présenté alors.
J'y ai fait 4 affûts et chaque fois plus de 20 biches et faons ont passé cette petite crête et à chaque fois le cerf qui suivait, n'était qu'un gamin.
Pour finir et pour être complet, je dois dire que le seul cerf adulte que j'ai trouvé était sous une cinquantaine de vautours. De quoi est-il mort, je ne saurais le dire. Balle, combat ? (un trou côté droit sans trou de sorti.) Je n'ai jamais vu de chasseurs dans ce coin très difficile d’accès. Il n'y a aucun sentier et la montée se fait par un versant forestier très pentu et traversé par 4 couloirs d'avalanche assez vertigineux et glissants. Perso, je mets 4H 30 à monter en emmenant le minimum de matos pour alléger le sac à dos. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pas pu monter un affût aux vautours, car je n'avais pas de toile.