Je vous propose, ici, un petit résumé de mon escapade de trois jours dans les Pyrénées.
Au lever du jour, j’entame mon ascension vers la petite combe où j'ai décidé d'aller me poster à l'affût.
Après environ 2h de marche, en passant une arête, j'aperçois sur l'autre versant, 2 jeunes cerfs en velours occupés à brouter. Je me débarrasse du sac à dos et je m'allonge par terre dans la bruyère pour faire quelques photos. Le bruit des déclenchements les met en éveil et ils ne tardent pas à regagner la forêt toute proche.
Je reprends ma progression et vers 10h je suis en vue de la petite combe où j'ai choisi de m'installer à l'affût. Je suis à 500m et, aux jumelles, je découvre que, comme souvent, les animaux ne sont pas encore rentrés en forêt.
Je redescends un peu pour être dissimulé par le relief et je patiente en faisant quelques photos de populage des marais (Caltha palustris) qui s’épanouissent, nombreux, le long d'un petit ruisseau.
Vers 11h30, tout le monde est rentré en forêt et je peux aller installer mon affût. Je m'installe entre 3 bouleaux et je bricole un affût avec quelques branches mortes et quelques branches de rhododendrons. A 12h30, je suis fin prêt et je décide d'aller déjeuner un peu plus loin, car j'ai l'intuition que les animaux venant de rentrer, ils ne vont pas ressortir de suite...
Je reviens à 16h30, je mets le boîtier sur monopode et j'ajoute 2 filets de camouflages quand le premier cerf sort de la forêt. Il est 17h00 et je me dis que j'ai failli être en retard !
Il semble bien tranquille même si parfois il relève la tête !
Il est bientôt rejoint par un autre cerf. Je choisis un moment où ils ne bougent pas pour diaphragmer de façon à les avoir net tous les deux.
Le second sorti, porte 4 : il est au stade dit bonnet carré. Cela correspond à environ 6 semaines de repousse. Les photos étant du 4 mai, cela signifie qu'il a perdu ses bois vers le 20 mars.
Le premier, lui, porte 8. Il a dénoué l'andouiller de massacre, le surandouiller et la chevillure. Cela nous apprend qu'il a jeté ses bois vers le 20 février. On peut donc en déduire qu'il a 2 ou 3 ans de plus que le second car les cerfs perdent en général leurs bois d'autant plus tôt qu'ils sont âgés.
Pour l'instant, il tourne la tête vers la droite et j'aperçois, sur ma gauche, 2 biches qui sont, à leur tour sorties, à environ 250m.
Petit à petit, il se rapproche de moi.
Il monte toujours vers moi sans paraître entendre les déclenchements qui se succèdent.
Le voilà maintenant à une dizaine de mètres devant l'affût. Je ne vous ai pas mis cette photo pour son côté esthétique, mais parce que elle met bien en évidence la fragilité du velours, cette peau nourricière très fine qui recouvre les bois lors de leur croissance. La moindre écorchure provoquera un cal osseux sur le bois futur. Cela explique certainement pourquoi les cerfs évitent les taillis et les buissons très serrés durant la repousse et préfèrent les endroits plus ouverts. D'ailleurs, à une certaine époque et dans certaines réserves de chasse royales ou seigneuriales, on provoquait volontairement des lésions aux bois en velours à l'aide de cartouche de petits plombs ou de gros sel pour obtenir des ramures artificiellement très ramifiées. De mémoire le record est un cerf de Saxe qui portait 66 cors !
Cette fois le bruit des déclenchements l'intrigue. Les deux cerfs s'éloignent doucement sur ma gauche avant de disparaître derrière un petit relief.
Le lendemain, je décide de changer d'endroit et de me mettre à l'affût en bordure d'une coupe à blanc. Hélas, le vent n'est pas favorable et rien ne sortira. Pourtant, c'est une journée que je ne regrette pas, car en montant le matin, j'ai fait une rencontre rare.
Alors que j’enlève mon sac à dos pour faire une pause sur une souche qui m'invite à m'asseoir, j'aperçois à 3,5m devant moi une tête qui sort d'une coulée de taupe et qui disparaît aussitôt. Je m'allonge en vitesse et j'utilise mon sac à dos comme un sac de riz et j'attends. Moins d'une minute plus tard la tête réapparaît puis disparaît à nouveau.
Presque tout de suite, elle ressort et se montre un peu plus. Sur le moment, je pense à une hermine, mais après vérification, c'est une belette (tâche brune sur les joues, car je n'ai pas vu la queue.)
Voici la dernière image, car elle fera ensuite un bond qui me prendra de vitesse et gagnera la forêt voisine.
Ainsi s'achève ce petit résumé de ma sortie en montagne.