Pour me rendre à l'emplacement d'affût que j'ai choisi, je dois monter à 1800 m. Lorsque j'arrive à 1700m, je passe à côté d'une petite flaque dans laquelle brille sous le soleil des pontes de grenouilles. Une chose m'intrigue alors, ces pontes bougent. Je m'approche pour élucider ce mystère et je m'aperçois que ce sont des grenouilles qui les font bouger. Grenouille rousse devant une ponte.
Peu à peu d'autres têtes sortent.
Ce petit intermède m'a occupé 1h et m'a permis de compter jusqu'à 9 têtes.
Je suis maintenant à l'affût sur un petit plateau situé à 1800 m d'altitude. Je m'arrange pour être installé dans mon affût, une toile camouflée tendue entre quelques baliveaux, pour 14h 00. C'est un affût particulier, car en principe, je peux apercevoir les animaux arriver sur ma droite lorsqu'ils passent une petite crête assez lointaine, comme ce jeune cerf encore coiffé.
Quand tout se passe bien, ils ressortent devant l'affût après quelques minutes pendant lesquelles je les perds de vue, le temps qu'ils traversent un petit vallon. Cette fois, tout s'est bien passé et voilà mon jeune cerf qui arrive devant l'affût. Il est 15h 00.
C'est sans doute cette petite herbe verte et tendre qui rend, en partie, cet endroit si attractif pour les cerfs.
De temps en temps, je surveille la crête de droite, ce qui me permet d'anticiper les futures arrivées. Quand je vois de telles choses, je me dis que la journée devrait être fructueuse si tout se passe bien...
Et tout se passe bien même si le temps s'est couvert et qu'il crachine un peu.
Il s'ébroue pour se sécher.
Il choisit avec délicatesse les jeunes pousses de rhododendrons.
Un autre plus jeune, venant de perdre ses bois, comme le montre ses pivots tout juste cicatrisés, arrive à son tour.
En général, ils passent ensuite sur ma gauche et broutent paisiblement. Ici 3 cerfs dans un stade de repousse différent. Celui du premier plan a dû perdre ses bois vers le 15 mars, celui du second plan vers le 1er mars et celui au fond il y a quelques jours.
Tout est calme et les cerfs font bombance !
Chacun est occupé à brouter.
Tout est calme et paisible, les arrivées se succèdent pour mon plus grand bonheur. Voici une biche et son faon de l'année dernière, une femelle, vu sa position pour uriner.
Ce jeune cerf, venant de perdre ses bois, arrive tout seul.
Soudain celui-ci réagit au bruit du déclenchement du boitier et c'est là que je regrette de ne pas avoir un hybride à la viséee électronique totalement silencieuse.
Mais, comme les autres n'ont pas réagi, l'esprit de groupe rassure, il vient vers moi, à la manière d'un chevreuil, plus par curiosité que par inquiétude
Voilà typiquement le genre de séquence que l'on ne peut savourer que lorsque l'on est bien planqué dans son affût. Honnêtement, je me délecte de ce petit plaisir.
Je déclenche avec parcimonie, en essayant de profiter des moments où son attention se relâche. Cette fois, je sais que j'ai atteint la limite à ne pas dépasser et je reste figé, immobile, derrière mon boitier sur pied.
Après un face-à-face de 2 ou 3 minutes, il se tranquillise et se remet à brouter. Cette fois, je suis accepté et il a assimilé le bruit des déclenchements auxquels il ne réagit plus.
Le calme s'est installé à nouveau et chacun vaque à ses occupations. Ce trio de biches broute paisiblement. On peut constater que la biche la plus âgée, sans doute la mère des 2 autres, a commencé sa mue de printemps. En général plus les individus sont vieux et plus la mue est précoce.
Aucun doute, le gazon sera bien entretenu ! Les tondeuses sont de sortie.
Les arrivées continuent devant moi.
Certains arrivent par le passage du haut légèrement sur ma droite.
J'ai maintenant 17 animaux devant l'affût et je constate qu'ils se grattent souvent. Ils sont agacés par les moucherons et les moustiques qui commencent à envahir aussi l'affût.
Ils sont répartis en petits groupes devant mon affût.
Ce petit plateau d'altitude possède, en plus de la tranquillité, un autre atout majeur : une petite mare. Bien entendu, j'ai choisi mon emplacement d'affût de façon à pouvoir l'exploiter, au cas où ! Comme je l'ai déjà signalé, les animaux sont agressés par des insectes et se grattent souvent. Je ne suis donc pas vraiment surpris quand je vois un jeune cerf, encore coiffé, se rapprocher de la mare. Dans un premier temps, il boit.
Quand, je le vois gratter avec son antérieur, je devine ce qui va se passer.
Même si les cervidés se souillent toute l'année dans un but antiparasitaire, c'est tout de même moins fréquent à cette période que pendant le brame où la souille revêt un rôle important dans le marquage du territoire.
Il se relèvera et se recouchera plusieurs fois me donnant l'occasion de vous le présenter tout dégoulinant.
Comme tout cerf mouillé, il s'ébroue.
Il se désaltère à nouveau.
Le voici qui gratte avec ses antérieurs une fois de plus.
Voilà 1/4h qu'il patauge et d'autres animaux approchent. Cette biche et son faon sont les premiers à lui signifier qu'il abuse.
La position caractéristique des oreilles rabattues sur le cou ne laisse planer aucun doute sur l'agressivité de ce cerf en velours qui arrive à son tour.
Etant dépourvu de bois, c'est à coups d'antérieurs qu'il tente de le mettre en fuite.
Mais le coiffé résiste, une aubaine pour moi qui profite pleinement du spectacle comique qui se joue devant moi
Dressés sur leurs pattes arrières à la manière des kangourous, les coups se multiplient.
Enfin, après 4 assauts, le coiffé renonce et la place est libre.
A tour de rôle, seul ou en groupe, ce sont 8 animaux qui viendront se souiller ou boire dans cette mare. Ici un cerf en velours et 2 biches.
Là, un autre cerf en velours.
Celui-ci arrive de la droite.
Après toute cette animation, le calme revient. Certains se sont couchés.
D'autres se remettent à brouter, comme ce cerf en velours.
Cette biche et son faon de l'année dernière font de même.
Peu à peu, les animaux se relèvent.
Petit à petit, ils se dirigent tous vers ma gauche, dans la direction de pelouses d'altitude où ils passeront la nuit.
Les retardataires regardent leurs congénères s'éloigner.
Les uns après les autres, ils prennent tous le même chemin.
Un dernier petit arrêt...
Ces 3 biches couchées se relèveront à 19h 30 avant de disparaître de ma vue, derrière la petite crête située à ma gauche, vers 20h 00, me permettant de démonter ma toile, de remballer mes affaires et de redescendre tout droit à ma voiture.
Vers 1400 m, lors de ma descente, je rencontrerai un autre groupe de cerfs en velours. Voici le plus beau.
Il est accompagné par 2 cerfs plus jeunes. Ainsi s'achève ces observations de la fin du mois d'avril.