CHRISTOPHE FLORIN : Un oiseau décrié ! sauvage

Un oiseau décrié !

Le lac de 70 hectares, situé à 2km de la maison est anormalement bas. Renseignements pris, la mairie a décidé de le vidanger aux 2/3 afin de réaliser des travaux de consolidation de la digue. Ce plan d'eau est en partie aménagé en base de loisirs et même si les oiseaux sont relativement nombreux toute l'année, c'est un site assez dérangé que je ne fréquente jamais avec un appareil photo car il est impossible de monter un affût sur une berge sans être gentiment dérangé par les nombreux joggers, VTTistes et autres qui viennent s’enquérir de ce que vous faites. Aussi le sentier qui en fait le tour (8km) reste pour moi une agréable balade familiale digestive... Cette fois, la baisse importante du niveau de l'eau m’offre l'occasion de monter un affût sur la plage, au pied de la berge, en étant invisible de toutes les personnes qui se promèneront sur le sentier. Une toile tendue sous les frondaisons d'un arbuste, un pliant et l'appareil sur pied, me voilà assis, adossé à la berge, bien caché du sentier qui passe à 40m derrière moi. Devant moi : 25m de plage.

Arrivé à la nuit, installé en quelques minutes, je contemple le soleil qui se lève doucement en écoutant les oiseaux qui chantent. Dès que la souche passe au soleil, le premier grand cormoran (Phalacrocorax carbo) arrive. Ces oiseaux ont, à tort, très mauvaise presse. Pourtant, quand on a la chance de les observer pendant des heures, ils deviennent vite attachants. Ils prennent des postures incongrues, ont un tas de mimiques et du fait qu'ils sont souvent en groupe, l'animation est continue. Ce sont des affûts très plaisants où l'on ne s'ennuie jamais. En plus quand la lumière est là, ils sont assez photogéniques.

Dos au vent, il fait bien vite sécher ses plumes. C'est un geste important pour ces oiseaux s'ils veulent conserver l'imperméabilité de leur plumage.

Très vite, les places deviennent chères et les cormorans se succèdent sur cette souche.

Peu à peu, les souches sont presque toutes occupées. Il y en 8 devant moi dont 5 à bonne distance pour les photos, pour 17 cormorans !

Mon premier visiteur a retrouvé une place libre. Je lui trouvais une allure bizarre avec sa nuque très blanche. Après une recherche sur le net, il s’agirait d’une forme continentale. Il existe, suivant les auteurs, 6 à 8 sous-espèces.

Certains nagent de souche en souche pour tenter leur chance.

Celui-ci correspond mieux à l’image que j’en avais : une forme classique (forme atlantique).

Ils alternent les séances de pêche au milieu du lac avec les phases de séchage. Cette fois l’hôtel affiche complet.

Chacun vaque à ses occupations mais l’entretien du plumage reste la préoccupation première.

Les querelles se poursuivent.

Parfois, l'un d'eux s'envole pour rejoindre la zone de pêche, sans doute.

Il vole au ras de l'eau avant de se poser à une centaine de mètres de là.

L'avantage d'être en groupe : chacun surveille son côté !

Séchage et entretien du plumage occupe la majorité de leur temps.

Des promeneurs marchent en discutant sur le chemin. S’ils ne le quittent pas, les cormorans les laisseront passer sans s’envoler.

Celui-la n’est manifestement pas décidé à laisser sa place.

Une souche libre offre une solution de repli au nageur.

A peine posé, il s’ébroue énergiquement le plumage.
Ainsi s'achève, ce modeste hommage, à cet oiseau qui a si mauvaise presse.